Tuol Sleng (prison S21) et Killing Fields

Avant de quitter Phnom Penh nous voulons absolument visiter la prison S21 et les Killing Fields. Nous avons longuement hésité à y emmener Garance car de nombreux témoignages relataient une visite éprouvante. Nous avons finalement fait le choix de la prendre avec nous en lui expliquant ce que nous allions voir et lui laissant la possibilité de sortir du bâtiment dès qu’elle le voudrait. Nous avons fait la visite accompagné d’un audioguide extrêmement bien fait, avec de nombreux témoignages.

Avant de devenir une bien triste prison, Tuol Svay Prey était un lycée. Les salles de cours ont été transformées en salles de torture et en cellules de détention. Entre 1975 et 1978 plus de 17000 détenus y furent massacrés.

Les Khmers rouges consignaient méticuleusement leurs exactions. Chaque prisonnier qui arrivait était photographié avant et après avoir été torturé. Ces photos ornent aujourd’hui les murs de la prison. Certains objets sont également encore présents (instruments de torture, lits, vêtements….)

Quand l’armée vietnamienne libéra Phnom Penh début 1979, elle ne trouva que 7 prisonniers vivants au sein de S21, nous avons eu « la chance » de croiser l’un d’eux lors de notre visite. Il s’appelle Bou Meng. Il a tenu 2 ans dans la prison. Il a survécu car il était peintre et a été engagé par les Khmers rouges pour réaliser des tableaux à la gloire du régime.

Après S21, nous nous sommes rendus à Killing Fields (les champs de la mort). Situé à 16 kms de Phnom Penh c’est un endroit où les détenus étaient emmenés après avoir « avoué »( sous la torture des crimes et des délits qu’ils n’avaient jamais commis) afin d’y être assassinés. Dans le délire Khmer Rouge, la torture ne devait pas tuer, elle devait servir à faire avouer. La mort n’avait lieu qu’après avoir extorqué des aveux ou des listes de soi disant « complices » qui complotaient contre le régime.

A Killing Fields on ne tuait pas avec des armes à feu, les balles coûtaient trop chères. On tuait à coups de marteaux, de machettes, de bâtons en bambou. Les bébés quant à eux avaient la tête fracassée contre un arbre. L’armée Vietnamienne à son arrivée à découvert de véritables charniers, des fosses communes innombrables. Aujourd’hui encore, le sol fait régulièrement remonter des ossements, des dents, des fragments de vêtements que les gardiens du site récoltent précieusement une fois par mois.

Cette visite nous a passionnée. Elle est difficile certes, mais à notre sens, incontournable pour comprendre ce qu’a vécu le peuple cambodgien pendant ces 3 terribles années. Les enfants ont été très intéressés par la visite, l’audioguide est vraiment indispensable et très complet. Garance a bien vécu l’expérience. Nous l’avons protégée de certaines images bien trop difficiles, et avons complété les explications si nécessaires. Je lui ai plusieurs fois demandé si ça allait, ce à quoi elle m’a répondu « En fait je crois que je ne me rends pas trop compte », ce qui n’était pas plus mal 😉